Si vous vous intéressez à la naissance, vous savez que les sage-femmes françaises sont en guerre. Multipliant les manifestations, elles se battent pour pouvoir accueillir les femmes dans des conditions sécurisées. Car ne nous y trompons pas ! Si leur colère semble concerner leur profession, c’est bien de cela dont il s’agit : de notre sécurité à toutes ! …
Il est indéniable que les conditions de travail des sage-femmes ont un impact direct sur le déroulement des accouchements, donc sur la santé des mères et des nouveau-nés. Alors pourquoi le gouvernement ne prend-il pas en considération les revendications de ces professionnelles de terrain, qui affirment qu’aujourd’hui, il leur est devenu impossible d’assurer la sécurité des patientes ? Et ce n’est pas faute d’avoir des revendications claires, puisque ce sont les mêmes depuis 40 ans :
- Arrêt des incessantes fermetures de maternités, passées de 1747 établissements en 1972 à moins de 500 aujourd’hui (1),
- Augmentation des effectifs, puisque selon Caroline Combot, secrétaire générale de l’Organisation Nationale Syndicale des Sage-Femmes, il faudrait 42 % de sage-femmes supplémentaires dans les établissements français (2),
- Reconnaissance comme profession médicale et non plus paramédicale, puisqu’elles en ont la durée d’études et les responsabilités, mais non les salaires (3),
- Augmentations des salaires,
- Alignement de ceux du privé et du public, l’écart actuel pouvant aller jusqu’à 25% (4),
- Étalement de leur formation sur 6 années, pour éviter les 20 % d’abandon pour burnout (5),
- Reconnaissance définitive des maisons de naissance,
- Et facilitation des accouchements à domicile.
On observe qu’au regard des conditions de travail actuelles, la formation de sage-femme ne fait plus le plein. La profession est progressivement désertée. Et faute d’être entendues par le gouvernement, les sage-femmes abandonnent progressivement les hôpitaux publics pour s’installer en libéral. Pour comprendre leur situation quotidienne, je vous recommande cet excellent podcast d’Europe 1, qui commence par la lecture de la lettre d’amour adressée par une sage-femme à son hôpital chéri, le jour de sa… démission.
Mesdames, messieurs, un combat pour le droit de nos enfants aux meilleures conditions de naissance possibles est en cours. Pour que les sages-femmes nous soutiennent, soutenons les sages-femmes.
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